La notion d'organisation

Une « chimie » élémentaire de l'organisation

C'est précisément pour poser les bases d'une démarche de construction de l'organisation que deux théoriciens, Anna Grandori et Santi Furnari, ont récemment proposé d'exploiter une métaphore chimique : de même que les différentes substances sont composées d'éléments chimiques selon une certaine loi de composition, l'organisation peut être décomposée en éléments de base dont l'assemblage se devrait de respecter certaines lois de façon à doter l'organisation de qualité d'efficience et de capacité d'innovation qui seraient requises par la situation ou le contexte dans lequel elle se trouve. Nous n'évoquerons ici que l'inventaire des éléments de base, sans entrer dans l'exposé des lois de composition qui restent encore au stade des conjectures, bien que de nombreux courants de théorie des organisations aient pu déjà apporter des éclairages à ce sujet.

Cet inventaire, sans doute plus particulièrement adapté au cas de l'entreprise, conduit à distinguer quatre catégories d'éléments :

  • des éléments de type « marché » : ce sont les systèmes ou les dispositifs qui reproduisent ce que l'on peut observer sur un marché (marché de produits, marché de facteurs) et qui sont réputés posséder un fort pouvoir d'incitation et permettre la coordination des activités à partir d'une exigence de communication minime ;

Exemple

Au sein d'une entreprise, les échanges de biens ou de services entre les différents départements peuvent faire l'objet de cessions internes facturées sur la base d'un prix convenu, qui peut être le prix de marché ou tout autre solution préalablement calculée.

  • des éléments de type "bureaucratique" : ce sont les règles formelles, les plans, les procédures de prise de décision, qui introduisent à la fois la régularité et la transparence du fonctionnement de l'organisation ;

  • des éléments de type "communautaire" : il s'agit de la culture organisationnelle, des valeurs, des connaissances, des jugements partagés par les membres de l'organisation et qui confèrent à cette dernière les traits d'une communauté ;

  • des éléments de type « démocratique » : ils correspondent à la façon dont les droits de décision sont définis et répartis, ainsi qu'à la définition des droits de propriété. Dans une structure formelle, voire hiérarchique (éléments de type bureaucratique), ces droits ne sont pas nécessairement concentrés au sommet, comme on tend à le penser.

Exemple

Une structure formelle peut fort bien correspondre à une situation où les acteurs principaux sont constitués par la base et non par le sommet, comme ce serait le cas pour une coopérative.

Il s'agit là de catégories d'éléments que l'on retrouve dans une organisation selon des intensités ou des degrés variables et qui se manifestent dans des outils ou des pratiques concrètes.

Attention

Tout en mobilisant la métaphore de la structure fondamentale de la matière, cette proposition ne doit pas faire perdre de vue le fait que l'organisation n'est pas un système naturel mais un système artificiel. La « chimie organisationnelle » doit bien être considérée comme une science de l'artificiel dont les lois fournissent les guides de base quant à la façon de construire une organisation, plutôt que comme la seule description des substances dont tout système serait composé. L'inventaire proposé des éléments ne doit d'ailleurs pas être considéré comme exhaustif : dans une science naturelle, de nouveaux éléments peuvent toujours être découverts et cela est encore plus vrai s'agissant d'éléments artificiels.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer © 2013 IAE de Lille - Ecole Universitaire de Management Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'IdentiqueRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)