Typologies des organisations

Une typologie fondée sur le système d'incitations de l'organisation

On a vu précédemment que la pérennité d'une organisation dépend notamment de l'équilibre qu'elle parvient à assurer entre les contributions que réalisent ses participants et les incitations ou les rétributions qu'elle leur délivre.

Rappel

voir le modèle incitations-contributions de Barnard/Simon schématisé

Si le succès de l'organisation dépend ainsi de sa capacité à satisfaire les attentes de ses participants, cela invite à faire du système d'incitation une base de classification.

C'est le sens de la proposition de P.B. Clark et J.Q. Wilson qui se réfèrent au stimulant principal que l'organisation utilise pour obtenir les contributions de ses parties prenantes de façon à distinguer trois types d'organisation :

  1. les organisations utilitaires : ce sont celles qui offrent des stimulants matériels, des récompenses qui ont une valeur monétaire ou qui peuvent facilement être converties sous cette forme. Dans ce cas, c'est l'obtention de ressources matérielles qui préoccupe l'organisation, plus que les objectifs sous-jacents aux activités accomplies. La mention de ces objectifs possède plutôt une fonction rituelle ou de recherche d'une légitimité publique. L'essentiel des conflits qui peuvent marquer le fonctionnement de l'organisation a trait à la répartition des ressources matérielles plus qu'aux activités elles-mêmes ou aux objectifs poursuivis.

  2. les organisations solidaires ou d'entraide : pour cette catégorie d'organisations les récompenses sont de nature intangible. Elles proviennent de la participation elle-même à l'organisation qui procure socialisation, sentiment d'appartenance et d'identification, statut, plaisir, etc. La formulation des objectifs prend plus d'importance que dans le cas précédent puisqu'ils doivent être attractifs et socialement acceptables pour séduire les parties prenantes. Cependant, plus que les objectifs eux-mêmes c'est le prestige et l'attrait exercé par l'organisation qui importent. Les conflits potentiels portent ici sur la distribution des statuts et l'acceptation de participants qui ne pourraient pas contribuer à l'organisation par des ressources solidaires adéquates.

  3. les organisations orientées vers un but : il s'agit des organisations ayant pour objectif la réalisation d'un projet et qui utilisent la valeur et la dignité de cette finalité comme stimulant, justifiant les efforts fournis par les participants.

    Pour assurer le maintien de cette participation, les objectifs tendent à être très généraux ; des spécifications trop précises risquent en effet de provoquer le départ de certains membres. Ce faisant, l'organisation est conduite à jouer sur un sentiment d'accomplissement ou des “ victoires morales ” plus qu'à célébrer des réalisations concrètes.

    Lorsque les objectifs peuvent être spécifiés précisément, comme dans le cas d'un parti politique, tout changement de leur nature ou des moyens prévus de les atteindre peut provoquer la perte de participants qui considèrent que le motif de leur appartenance à l'organisation n'existe plus. Dans ce type d'organisation, c'est la déclaration des objectifs qui peut être source de conflits majeurs, ainsi que la définition des moyens de les atteindre.

Cette typologie, comme d'autres précédentes, donne un exemple de typologie unidimensionnelle. Elle trouve ses limites dans la simplification que constitue le fait de parler du stimulant principal puisqu'un bon nombre d'organisations combinent plusieurs stimulants pour obtenir les différentes contributions dont elles ont besoin. La conception sous-jacente de l'organisation tend par ailleurs à donner une place centrale au dirigeant qui distribue des stimulants à ses collaborateurs selon l'importance de leur contribution et constitue ainsi le pivot de tous les échanges, alors qu'en fait ce dirigeant ne contrôle qu'une partie des stimulants disponibles. En réalité, l'organisation fait plus figure de réseau complexe d'échanges entrecroisés entre individus et groupes qui cherchent à maximiser les récompenses qu'ils tirent de l'organisation. Dans ces conditions, pour que l'analyse en termes de stimulants fournisse une base satisfaisante de classification des organisations, il conviendrait de raisonner à partir de catégories d'acteurs qui recherchent le même type de récompenses et de repérer les différentes configurations possibles de ces catégories.

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