Typologies des organisations

La typologie des organisations de Eric Rhenman

D'origine suédoise, le théoricien E. Rhenman s'est notamment intéressé à la question de la responsabilité sociale des entreprises et la typologie des organisations qu'il propose porte à certains égards la marque de ce centre d'intérêt.

Cette typologie repose sur plusieurs prémisses que l'on peut résumer ainsi :

  • une organisation se définit d'abord par le rôle qu'elle assume, c'est-à-dire par les relations d'échange et de pouvoir qu'elle entretient avec les composantes de son environnement ou ses parties prenantes ;

  • ce rôle, associé aux ressources techniques, financières et humaines que l'organisation détient à un moment donné, constitue une position stratégique ;

  • les buts internes ou stratégiques de l'organisation correspondent aux ambitions de positions stratégiques futures considérées comme désirables et pour lesquelles un plan d'action doit être formulé ;

  • les acteurs à l'origine de ces conceptions et de ce plan, qu'ils soient internes ou externes à l'organisation, constituent ce qu'il est convenu d'appeler la direction stratégique de cette dernière ;

  • les buts externes ou institutionnels, parfois qualifiés de mission de l'organisation, sont des conceptions quant aux effets des activités de l'organisation sur son environnement.

  • ceux qui en sont à l'origine constituent la direction institutionnelle de l'organisation ;

  • le croisement de ces deux catégories de buts conduit à repérer quatre types idéaux d'organisation, sachant que les organisations du monde réel ne s'identifient pas nécessairement de façon stricte à l'un d'entre eux :

    Tableau 9 : La typologie des organisations de E. Rhenman

    ORGANISATIONS

    sans buts stratégiques et

    sans direction ou organe

    stratégique

    avec buts stratégiques et

    direction stratégique

    pour les formuler

    sans buts institutionnels

    et sans direction institutionnelle

    organisation

    marginale

    compagnie

    avec buts institutionnels

    et direction institutionnelle

    pour les formuler

    organisation

    appendice

    institution

  • les organisations marginales sont celles qui n'ont ni buts stratégiques ni buts institutionnels et dont le comportement, de ce fait, ne suit pas de plan déterminé. Des organisations de ce type sont le plus souvent de petite taille (au-delà d'un certain seuil, les organisations se dotent en effet d'un organe de direction stratégique).

    L'organisation marginale ressemble beaucoup à l'entreprise de la théorie économique Classique, dépourvue de pouvoir de marché et dont le rôle est circonscrit à un ensemble de calculs sur des prix et des quantités;

  • les “ compagnies ” correspondent aux grandes entreprises dotées d'un organe de direction stratégique mais sans buts institutionnels imposés de l'extérieur.

    Autrement dit, elles n'existent que pour réaliser leurs propres objectifs ;

  • les organisations “ appendices ” ou annexes se situent dans le cas inverse du précédent, c'est-à-dire absence de buts propres et existence de buts institutionnels. De telles organisations fonctionnent au bénéfice d'intérêts extérieurs, leur développement voire leur survie n'étant pas des préoccupations en elles-mêmes.

    Ce peut être le cas, par exemple, d'établissement ou de filiales de grandes entreprises ;

  • les institutions : ce sont les organisations qui ont à la fois des buts stratégiques et des missions imposées de l'extérieur. Les organes de direction stratégique et de direction institutionnelle peuvent ou non coïncider et, s'ils sont distincts, être ou non en conflit quant aux orientations que doit suivre l'organisation.

E. Rhenman établit par ailleurs une correspondance entre les différentes formes d'organisation et les caractéristiques de ce qu'il appelle l'environnement de valeurs, c'est-à-dire l'ensemble des normes et des méthodes sur la base desquelles toute organisation est évaluée par les acteurs de son univers extérieur. Cet environnement est dit libre, politique ou mixte, selon que l'organisation est ultimement évaluée par référence à l'atteinte de ses propres objectifs, aux effets qu'elle engendre sur son environnement, ou sur la base d'une combinaison de ces deux séries de critères. Tandis que les organisations marginales et les compagnies s'accordent avec des environnements de valeurs de type libre, les organisations appendices sont normalement confrontées à des environnements politiques et les institutions à des environnements mixtes. En prolongeant le raisonnement, il devient possible d'associer à chaque type d'organisation les traits caractéristiques de son agencement interne et de fournir ainsi une description plus riche que certaines de celles qui ont été présentées précédemment.

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